Quand j’étais enfant, mon estime de moi dépendait du regard des autres. Comme pour beaucoup, je pense. Du coup, lorsque les garçons du centre de loisirs sifflaient sur notre passage, on était contentes, m’voyez? Ca voulait dire qu’on était jolies, aujourd’hui.
Enfin…. le grand jeu de ces garçons, c’était de siffler, et ensuite d’agir en fonction. Si une fille se retourne « HAAANNNN! La moche elle croit qu’elle est belleeeeeee ». Si elle ne se retourne pas « t’as raison, t’es un thon, rentre chez toi connasse ». En gros, c’était ça, leur passe-temps. Les animateurs étaient à côté, évidemment. Mais c’était tellement habituel que ça ne leur paraissait pas honteux le moins du monde. Pire, ça les faisait rire. Du coup, notre but était de réussir à être derrière lors des sorties, pour pouvoir marcher tranquillement. Enfant déjà, j’apprenais à avoir peur des garçons.

Et le « chat-bisou », ça vous parle? Ce jeu teeeeellement mignon ou les garçons courent après les filles pour les forcer à les embrasser? Ca ne me choquait même pas à l’époque. Je me défendais, je ne voulais pas être embrassée, mais il ne me serait jamais venu à l’esprit d’aller me plaindre auprès de quelqu’un. Il faut dire qu’on nous voyait hein, mais je ne sais pas, un baiser pris de force ne devait pas leur paraitre agressif, je pense.

1

Plus grande, j’ai appris à mes dépends que ma poitrine ne m’appartenait plus à partir du moment ou j’en montrais une partie (le décolleté, quoi). Elle servait de panier de basket (boulette de papier, stylo, caillou….), de klaxon (trop drôle de faire pouet pouet, n’est-ce-pas?)… Et si j’avais le malheur de me plaindre « fallait pas mettre de décolleté » (de la part des parents, et des ados en question). Du coup, j’ai appris à la fermer (et à fermer mes hauts, aussi).

2

Toute ma vie, j’ai été éduquée à devenir une pauvre petite chose muette. A faire avec. A m’habiller en fonction.
Personne n’a jamais appris à ces garçons/futurs hommes à ne pas agresser les filles-futures femmes dans la rue. A ne pas trouver cool les « baisers-volés » (tellement romantique dans les films, non? –‘). A ne pas toucher sans consentement de la concernée. A ne pas partir du principe qu’une fille, c’est faible et ça doit se laisser faire.

  Alors maintenant que je suis maman, c’est à moi de faire en sorte que mes garçons ne deviennent pas des agresseurs potentiels. J’explique déjà au grand de 5 ans qu’il ne faut JAMAIS essayer d’embrasser une fille qui ne le veut pas. Que si une fille veut jouer au foot avec eux il ne faut pas la mettre de côté parce que c’est une fille. Et d’autres choses encore. 


C’est pas énorme, mais je pense sincèrement qu’en semant de petites graines par-ci par-là, ça donnera quelqu’un de bien, à la fin.
C’est à nous de changer les choses. Auprès de nos enfants, de nos neveux, de nos filleuls, cousins, voisins… On ne peut pas se contenter d’essayer d’agir sur les hommes, le travail se passera aussi (et surtout) sur les garçons d’aujourd’hui.

4

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *