Eloge de la masturbation
Lorsque j’ai réfléchi à un sujet touchant à la sexualité que j’aimerais aborder, celui-là s’est tout de suite imposé. Il me paraît judicieux de redonner ses lettres de noblesse à ce loisir peu promu, et je vais maintenant m’y atteler.
Je pense que mes plus anciens souvenirs sont liés à la masturbation. Je ne parviens pas à me rappeler de la première fois où je me suis touchée, ou même de mon premier orgasme, tant cela fait partie de moi depuis toujours. On me dirait que je me tripotais in utero, je le croirais volontiers.
Lorsque j’étais enfant, l’éducation sexuelle était totalement absente de mon cadre familial. J’ai malgré tout très vite assimilé le fait que d’une certaine façon c’était un peu honteux de me caresser, et que je devais me cacher pour le faire, et surtout ne pas en parler. Cette sensation de faire quelque chose de répréhensible s’est accentuée en grandissant. A l’occasion de mes anniversaires de 5, 6 et 7 ans, je me souviens avoir pris la résolution d’arrêter…résolution que je n’ai jamais tenue. J’ai laissé tomber l’idée en constatant que de toute façon cela m’était impossible. Mais la culpabilité a perduré longtemps, jusqu’au début de ma vie intime « à deux ».
C’est à ce moment-là que j’ai réellement relié cette pratique à quelque chose de sexuel. Enfant, je ne faisais pas de réel rapprochement, je n’avais pas idée de ce qu’était le sexe, et mes fantasmes étaient toujours très abstraits. J’ai compris que j’avais de la chance de prendre autant de plaisir, et que c’était quelque chose de magique de savoir me faire du bien de cette façon.
J’ai aussi bien perçu que la masturbation féminine était un sujet très « occulte », et beaucoup moins assumé que son pendant masculin. Ceci étant, cela ne m’empêche plus aujourd’hui d’en parler, au contraire. En parler à des filles permet de voir qu’au-delà d’une première réaction de gêne, elles se détendent en voyant que l’on peut en discuter, même si évidemment chacun pose ses propres limites à la communication dans ce domaine. En parler avec des hommes est très positif aussi, ils constatent que des femmes ont des fonctionnements similaires aux leurs, que cela leur permet de mieux connaître leur corps, et, au final, d’avoir une sexualité de couple plus épanouie.
Indépendamment du regard des autres sur cette part d’intimité, je considère qu’il s’agit d’une activité intéressante à de nombreux points de vue.
1) c’est gratuit
2) c’est praticable presque n’importe où
3) c’est littéralement jouissif
4) ça devient de mieux en mieux avec le temps
5) ça donne bonne mine et ça détend
6) ça aide à s’endormir (les endorphines, tout ça)
7) ça permet de bien connaître son corps
8 ) c’est « exportable » aux rapports de couple. Je n’ai pas encore croisé de partenaire qui n’ait pas eu les yeux brillants en me regardant faire
9) ça ne soulève pas de problèmes de maladie ni de contraception (lorsqu’on pratique en solitaire évidemment)
Je conçois tout à fait que certain-e-s n’apprécient pas de se masturber, toutefois je trouve excessivement dommage que ceux qui le font soient aussi souvent dans la honte et le secret. Honorer son corps et s’offrir un orgasme devraient être des choses dont on est fier. Il n’y a tout simplement à mon sens aucune raison valable de dénigrer cette pratique, bien au contraire, comme je le développais plus haut.
A ceux qui me lisent, j’ai donc envie de dire: votre corps peut être une source de plaisir incroyable. Écartez de votre esprit les idées préconçues qui entourent la masturbation. Écartez même le terme de masturbation si cela vous aide, je trouve personnellement ce mot excessivement peu sexy. Profitez des moments où vous êtes seul-e-, au calme, détendu-e-, et sûr-e- de ne pas être dérangé-e-. Explorez votre corps de toutes les façons qui vous font envie. Peu importe qu’il n’y ait pas systématiquement d’orgasme, le simple fait de prendre conscience de son anatomie constitue selon moi un réel enrichissement personnel. Apprenez à chérir cette chair qui peut-être vous complexe, mais peut aussi être synonyme de volupté. Et gardez à l’esprit que se faire du bien de cette façon est un cadeau que vous vous faites, qu’il s’agit de votre corps, que cela ne regarde donc que vous, et qu’aucun jugement extérieur n’est recevable en la matière.
Anna
2 réponses à Eloge de La Masturbation, par Anna