Ce glorieux jour où j’ai perdu la vue.

Par un beau matin de.. Je ne sais trop quel mois, pour être franche. Donc par un beau matin, Mily Dolly ouvre sa page internet, consulte ses mails, rien d’anormal .

Jusqu’à ce message d’un contact américain, qui me parlait d’un bouquin qui faisait le carton là-bas.

Le fameux 50 Shades Of Grey.

Elle me demandait de répondre franchement. FRANCHEMENT. J’ai cru mourir.

Tout était présent pour faire mouiller la culotte des préados : Mauvais goût, histoire à l’eau de rose, personnages creux. Et puis le niveau de langue ! Mes ami-e-s, accrochez vous.

Vous l’aurez compris, je ne suis pas une fervente admiratrice de E. L. James. Je lui reconnaitrais somme toute, sa capacité à placer des produits.

L’histoire : (dans les grandes lignes)

Anastasia, jeune pucelle, innocente, vertueuse, propre sur elle, dépanne sa copine journaliste tombée malade (Oh comme c’est malheureux), et va rencontrer le sulfureux PDG Christian Grey. Maladroite au possible, à leur première rencontre, elle se retrouve à quatre pattes, le derrière en l’air face à ce dernier. Et là, patatras, l’instinct dominateur et chasseur du brave homme se réveille. Il ira la chercher jusqu’à son travail, lui fera une cour honteusement puritaine pour le rôle du bellâtre.

Bref. Lui, dominateur. Elle, pucelle à quatre pattes dans sa salle de réunion. Lui, faim. Lui, vouloir baiser elle. Anastasia, elle n’est pas trop d’accord, elle. Elle rêve de pétales de roses, de mots d’amour, du prince charmant. Mais bon. Elle n’est pas non plus très difficile à convaincre, elle mouille sa culotte depuis le premier regard ô combien intense qu’il lui a jeté.

Très vite, elle passera à la casserole, et très vite, nous aurons droit à des scènes pseudo sadomasochistes.

On apprendra aussi que monsieur est un torturé de service, mais ce n’est pas de sa faute, c’est à cause de son enfance qu’il est devenu comme cela…

Anastasia, en bonne héroïne romantico-niaise se mettra en tête de le faire revenir sur le droit chemin du sexe, le sexe « vanille »*. Mais pas trop non plus. Ben oui, c’est tout de même bien excitant.

Blablabla, se marièrent, blabla, heureux, enfants.

Et le BDSM dans tout ça ? Le point « culture ».

Face à ce récit, il me semble important de remettre les choses au clair. Commençons par le commencement :

BDSM

Bondage, Discipline, Domination, Soumission, Sado Masochisme

Contrairement à ce que peut laisser sous-entendre le bouquin sur lequel l’article est centré, les rapports BDSM, Dominant/soumis-e-, ne sont pas des rapports forcés. Surtout pas. Ou alors, le « couple » court à la catastrophe. Les personnes impliquées dans ceux-ci doivent être consentantes, l’acte doit se faire dans le respect de l’autre, de ses limites.

Car oui, il y a du respect dans ces rapports. Respect de la volonté de se soumettre/dominer. D’assumer ses goûts, ses choix. Respect des limites posées. On ne se lance pas comme ça à l’aveuglette, le partage des fantasmes, des actes qui repoussent, des envies est important. Poser des mots sur son désir est important. Agir en connaissance de cause aussi, dans la sécurité, l’est tout autant. Ce n’est pas pour rien que l’utilisation d’un safeword* est fortement recommandée.

Il existe une multitude de couples, d’envies, de désirs, de besoins. Des stades de BDSM soft, moins soft, et hard.

De plus, nous sommes dans 50 shades of Grey à une vision hétéro centrée du BDSM, où le dominant est l’homme et la soumise, la femme. Il existe des dominas (femmes dominantes), des soumis, des switchs (les touches à tout comme j’aime les appeler affectueusement), et une multitude de sous-genres dans ces catégories. Anastasia n’est pas réellement consciente de ce dans quoi elle s’implique, le donjon appelé « salle de la douleur » le laisse clairement sous-entendre. Elle a peur. Quoi de plus normal lorsque l’on se retrouve projeté dans un milieu que l’on ne connaît pas ? Le rôle de « dominant » de Christian Grey me fait tiquer. Son désir en premier. Peu importe si Anastasia n’est pas prête. Le dérapage était inévitable.

Mon ressenti en tant que personne pratiquant par envie, goût et besoin.

On l’aura compris, je n’apprécie pas ce bouquin. Je n’apprécie pas le regard qu’il porte sur ces pratiques.

Certes, il a surement permis de les « démocratiser », de permettre à des personnes d’assumer leurs envies, de se dire que ce n’est pas tant anormal de vouloir se soumettre à l’autre ou de vouloir dominer l’autre, mais mon malaise subsiste tout de même. Pourquoi mettre en avant des pratiques, les rendre attirantes pour un grand nombre de personnes, tout en biaisant totalement l’implication et la réalité des choses ? J’imagine, non sans mal, les personnes qui suite à la lecture de ce livre se sont lancées dans des recherches sur le net et sont tombées de très haut face à certaines pratiques. Deuxième point qui m’a fait tiquer, le héros s’est tourné vers ces pratiques à cause de sa « haine » de la femme. Haine qui lui vient d’un traumatisme lié à son enfance. Monsieur, madame, mademoiselle, chien, chat, oiseau, nous ne sommes pas des personnes traumatisées. J’ai eu, pour ma part, une enfance totalement heureuse, dans une famille « normale », avec des activités « normales ». Mes parents ne m’ont jamais battue, il en va de même pour mon partenaire et toutes les personnes que je côtoie dans le milieu.

Pourquoi alors m’être tournée vers le BDSM, la soumission et ses pratiques ?

Pour moi, cette question me pose le même dilemme que lorsqu’on me demande pourquoi je préfère la glaçe à la menthe à celle au chocolat ! Je ne sais pas. Parce que je préfère, parce que ce sont mes goûts, mes envies, mes besoins.

A ceux qui me posent cette question, souvent par curiosité maladroite, j’aime répondre :

« Pourquoi aimes-tu les rapports vanille* ? Pourquoi aimes-tu les hommes/femmes ? Et enfin trouve-tu normal de penser que je devrais me questionner sur ma sexualité ? La tienne te paraît évidente ? Il en va de même pour moi. »

En conclusion :

Certes ce n’est pas le chef d’œuvre littéraire du siècle, certes je l’ai beaucoup critiqué. Oui, il a eu toutes sortes de produits dérivés (livres de cuisine, coffret sextoyz et même bientôt un film.). 50 Shades Of Grey aura au moins eu le mérite de faire sortir au grand jour ces pratiques taboues. Je ne suis pas tellement sur de mon positionnement quand à ce dernier point, mais passons. Un goût de déception quant au style d’écriture, et à la romance exposée, après avoir lu Sade, et Histoire d’O, vous comprendrez mon exigence. Le BDSM au grand jour, les magazines féminins qui sortent des articles « Pimentez votre vie de couple, transformez votre homme en Monsieur Grey », de la pub, des collections de lingerie, etc, etc. OK. Moi, pour l’instant, je demande à voir. Et je retourne aux pieds de mon Dom.

Mily Dolly

5 réponses à L’image faussée du BDSM dans 50 Shades of Grey

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