On entend parfois de la pénétration que c’est un rapport trop phallocentré, c’est à dire une relation sexuelle qui se focalise uniquement sur le pénis. Généralement elle sous-entend pourtant une relation pénis-vagin, mais le terme « phallocentré » revendiquerait que l’homme n’est satisfait que par la pénétration vaginale, et que la femme subit cette pénétration. Alors qu’en est-il ? La pratique majoritaire dans l’acte sexuel serait-elle sexiste ? Et du côté des couples gays et lesbiens ? Car ce serait aussi oublier que cette définition est bien réductrice pour la sexualité de deux personnes du même sexe.

La pénétration pénis-vagin est un peu vue comme le plat de résistance du sexe. D’abord on s’embrasse, puis viennent les préliminaires, et ensuite la cerise sur le gâteau : la pénétration. Alors oui, la pénétration procure beaucoup de plaisir, que ce soit à l’homme ou à la femme, il n’y a pas à avoir de gêne d’aimer ça. Mais mettre une seule pratique sexuelle sur un piédestal, c’est éclipser les autres, oublier que le sexe est divers et multiple, que tout le monde n’est pas obligé d’apprécier ça de la même manière, que les couples ne sont pas uniquement formés d’un individu à pénis et d’un autre à vagin. Pourquoi hiérarchiser le sexe ? Pourquoi comparer les pratiques, en dresser certaines comme ayant plus de « valeur » que d’autres ? Bannissons sérieusement le terme « préliminaires », le sexe est un tout. Mots, odeurs, caresses, sensations, pratiques. L’ordre ne rendra pas meilleur sa saveur. Aimez la pénétration, mais pensez donc à profiter des autres pratiques. Fellation, cunnilingus, annulingus, sodomie (hé oui c’est aussi une pénétration), doigts (de même !), zones érogènes, fantasmes, jeux de rôle, sm, bondage… Le corps et l’esprit offrent de nombreuses possibilités de s’éclater, pourquoi ne pas en profiter ? Le tout est d’apprécier, sans imposer à son/sa partenaire, et aux autres, que la pénétration est la pratique la plus « jouissive », la plus « normale », la moins « sale ».

Mais tâchons d’aborder un sujet plus épineux : la pénétration entre deux personnes du même sexe.
Trop souvent les relations sexuelles entre deux femmes sont minimisées, ayant moins de « valeur » qu’une pénétration hétéro, parce qu’il n’y a pas justement l’utilisation d’un pénis. Est-ce l’absence d’un homme qui pose problème ? J’ai déjà entendu de la part d’hétéros, hommes et femmes, que ça ne « comptait pas », sans pénis. Est-ce le fait d’utiliser ses doigts ? Trop petits comparé à un pénis ? Pourtant ils sont simple à manier, surtout quand il s’agit d’aller titiller le « point G » féminin. Est-ce le fait d’utiliser un sex-toy, un artifice plutôt qu’un membre du corps ? Pourtant l’utilisation de ces jouets dans les couples hétéros se fait de plus en plus, ne serait-ce qu’en solo.
On aurait pu croire que les couples d’hommes seraient épargnés par ce jugement, étant pourvus d’un pénis. Cependant, la gent hétéro masculine me parut encore plus dure (sans mauvais jeu de mot), à leur égard. Coucher avec quelqu’un du même sexe n’était pas ce qui semblait le plus les embêter, même pour ceux qui n’en avaient pas envie (chacun ses goûts, on en est pas moins gay-friendly). Ce n’est pas la sodomie qui les dérange le plus, elle s’est largement démocratisée dans les couples hétéros. Et tant bien même que vous ça vous dégouterait, n’allez pas monter sur vos grands chevaux en hurlant que c’est dégueulaaaasse, vos préférences sexuelles ne sont pas universelles, chacun prend son pied comme il le souhaite. On pourrait même voir émerger, peu à peu, l’inversement des « rôles » : des femmes pénètrent leurs mecs. Mais osez en parler autour de vous et vous aurez droit à des réactions de dégoût, de gêne, « c’est bizarre… ce n’est pas la norme. »
Ce qui semblait si dérangeant, c’était donc de se faire pénétrer, comme une femme
. Comme si la pénétration incluait la faiblesse du pénétré. Car on a bien longtemps considéré la sexualité de la femme comme étant passive, se laissant faire par l’homme. Ce serait donc une histoire de domination. Alors oui se faire pénétrer relève d’une certaine soumission : on laisse le contrôle de son corps et de son désir à l’autre. Cela peut paraître risqué, bouleversant, mais pour autant, on n’en est pas plus faible. Je dirais presque qu’au contraire, on acquiert un certain pouvoir sur l’autre, en lui donnant la permission, en se laissant aller.

Alors, pour conclure :
Les femmes ne sont pas soumises parce qu’elles sont pénétrées. A moins que vous ayez une relation BDSM, tant que c’est avec le consentement de l’autre, il n’y a pas de problème à se faire plaisir de cette manière.
Les lesbiennes ont de vrais rapports sexuels même sans pénis, les hommes hétéros ne sont pas sexuellement indispensables à toutes les femmes.
Les gays ne sont pas plus faibles, et pas moins virils que les hommes hétéros.
Les hommes hétéros n’ont plus à prouver leur virilité par la domination ou la force. Il paraitraît même qu’ils ont un orifice qui se trouverait près du point G masculin, alors si vous êtes un peu curieux, autant en profiter, non ? (Bien sûr que je parle de l’anus !)
La pénétration n’est pas le seul plat disponible, il ne doit donc pas être imposé aux autres comme étant un menu universel. Le sexe, c’est un sacré buffet finalement.

Et puis, parce qu’il est toujours bon de le rappeler :
La pénétration doit toujours être une pratique consentie explicitement entre les deux partenaires (ou plus). C’est aussi un rapport sexuel qui comprend plusieurs risques : checkez la rubrique Contraception, afin de vous protéger des IST, et des bébés imprévus pour les hétéros. Mais bon, peut-être que quelqu’un a une recette de bébé farci dans le coin ? (Evidement que je déconne)

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