« C’est ton fuck friends, ton plan cul ton amoureux ou ton pote? Vous êtes quoi l’un pour l’autre? Ah mais c’est pas de l’amour en fait. » Les phrases récurrentes. Généralement suivies de « Il faut pas t’étonner si tu fonces dans le mur ou s’il ne te respecte pas. Tu ne peux pas compter pour lui t’es juste un cul ». Régulièrement, droit dans les yeux. Parce que dans l’imaginaire collectif, si je baise mais que je ne suis pas officielle, si on ne m’a pas collée une étiquette sur le front, je ne suis pas légitime et surtout, je n’ai aucun sentiment.

Vous me direz de laisser couler et de ne pas faire attention. Mais comment je fais quand ceux qui pensent comme cela sont ceux que j’accueille dans mon lit? Comment je fais pour leur faire comprendre que je ne veux rien, juste leur présence, leur respect et leur amitié? Seulement, depuis toujours on leur a mis dans le crâne qu’ils devaient classer le monde dans des cases. Des petites cases bien rangées, bien séparées, bien clichées. Alors ils me le disent. Ils tracent des limites, des règles et créent un contrat : on ne sort pas et on ne côtoie personne, on n’est pas amis tu comprends? On ne s’embrasse pas, on ne se promène pas bras dessus bras dessous, on n’est pas amoureux tu comprends?

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Alors j’essaie de me faire aux cases, j’essaie de ne pas déborder. Mais où cela me mène-t-il? À me cacher du regards des autres, à taire mes sentiments et mes pensées parce qu’on a dit qu’on ne se prenait pas la tête. Et parler de ses émotions, c’est se prendre la tête.

Alors j’accepte. Tout. En bloc. Pour rester dans ma case: les annulations de dernières minutes, les non-invitation aux multiples soirées et sorties, les semaines sans nouvelle, les silences, l’ignorance et la lâcheté. J’accepte que celui-ci me raconte ses tentatives de drague et ses autres rencontres. Que cet autre me dise que c’est fini parce qu’il a baisé avec une autre et qu’il la préfère à moi, sans aucune autre explication. Et je ne dis rien. Je lui souhaite bonne continuation et je pleure sous la douche. Sans qu’il ne sache. Parce que pas de prise de tête rappelle-toi. Et si j’ose lui faire part de mes sentiment, lui dire qu’il me manque et que le peu d’explication me rend triste, il me fait comprendre qu’il a perdu son respect pour moi, parce que j’ai enfreint la règle d’or : pas de sentimentalisme.

Tout cela me fait me demander pourquoi? Pourquoi le sexe sépare-t-il obligatoirement les gens et créé des situations si compliquées? Pourquoi n’est-il pas possible de croire en l’amimour*? Pourquoi n’est-il pas possible de mélanger sexe et amitié sans que tout devienne compliqué et sans devoir se cacher. Et par dessus tout : pourquoi considère-t-on qu’on a le droit de jeter son amant(e) lorsque la parenthèse sexe est terminée, sans même se fendre d’un mot d’adieu, voire d’une explication.

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On nous pousse à choisir, à mettre des mots et à faire des choix. Et si j’ai envie moi de baiser avec eux toute la nuit et puis d’aller voir une expo sans les toucher, en tant que potes. Qu’est ce qu’il y a de mal à cela? Je vois surtout là une façon bien triste de séparer les différents aspects de leur vie : d’un côté le sexe et moi, de l’autre leur vie et les autres. Et la question en toile de fond «Pourquoi elles et pourquoi pas moi ?»

L’amour, qu’il prenne n’importe quelle forme, est quelque chose de beau. Alors pourquoi devrais-je m’interdire de dire à mes amants que je les aime. Même si je ne les aime pas d’un amour d’amoureux. Pourquoi devrais-je m’interdire de leur dire que j’ai envie de les voir et qu’ils me manquent ?

On essaie de nous faire croire que l’amour et le sexe sont des choses carrées qu’on ne peut pas les mélanger ni arranger à notre sauce. On essaie de nous faire croire que toutes les relations sont identiques et que l’on doit s’y plier. Dans cette optique, on doit taire nos sentiments parce qu’ils font désordre. Emotion à zero pourcent. Tu peux baiser, mais tu ne peux pas aimer, c’était pas prévu, c’était pas le plan, efface et oublie ce que tu ressens.

J’attends le jour où je pourrais baiser avec mon pote ou aimer mon amant. J’attends le jour où j’aurais le droit de dire je t’aime tu sais, toi et tout ce qui t’entoure sans qu’il ne panique immédiatement, sans qu’il me rétorque un «no strings attached t’as oublié?».

En attendant, je continuerai de baiser, de masquer mes sentiments et de rester dans ma petite case.

* Rendons à César ce qui est à César : ce terme a été inventé par ma très chère Valkyrie dont l’utopie est de pouvoir concilier amour et amitié.

5 réponses à Et toi, t’es dans quelle case ?

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