Que celui qui n’a jamais entendu qu’une personne qui ne s’épile pas est sale et négligée (surtout quand il s’agit d’une femme) lève la main!
Je pense que malheureusement ce n’est pas le cas de grand monde. Pourtant le poil n’est pas sale, il est naturel. Cependant, il fait penser aux animaux et donc permettrait une distinction entre l’homme doté d’une intelligence qui lui permet entre autres de contrôler un peu la nature et l’animal qui obéit à ses pulsions.
Représentation dans l’art et réactions:
Dans l’Antiquité, Aristophane avec l’Assemblée des femmes met en scène des femmes qui se font passer pour des hommes pour accéder à l‘Agora et portent des barbes postiches qui symbolisent le pouvoir masculin (merci Mascha pour la rectification)
On peut le voir aussi dans Philosophie dans le boudoir de Sade, qui raconte l’une des dernières tortures infligées à Mme de Mistival, la mère de la jeune libertine : « Eugénie : A quoi vas-tu la condamner, en perdant ton sperme ? Dolmancé, toujours fouettant : La chose du monde la plus naturelle : je vais l’épiler et lui meurtrir les cuisses à force de pinçures. » Dans cet extrait,on peut voir que c’était plus un jeu érotique SM (qui n’est pas mal en soi puisque les 2 partenaires sont consentants) qui s’est ensuite démocratisé avec le porno.
Goya fait scandale en 1805 avec son tableau Maja Nue où l’on peut voir quelques poils pubiens qui sexualisent la femme alors qu’elle est censée être pure et innocente.
Au XIXème encore, Gustave Courbet scandalise avec l’Origine du monde, car c’est la première fois que l’on voit un nu aussi centré sur… le pubis. Et sans visage avec ça! Aujourd’hui, c’est la pilosité de cette femme qui choque, gène ou fait ricaner le public, elle passe pour « négligée ».
En 1921, Moi et mes perroquets de Frida Khalo (mexicaine) subit la critique car elle laisse deviner quelques poils
Le rôle des médias:
La principale origine du refus du poil vient de la pornographie et principalement du code concernant la pornographie interdisant de montrer des poils pubiens (masculins comme féminins) dans les années 60 aux Etats Unis. En France, cela vient plus tard dans les années 80 même si ça devient la norme dans les années 90. Or le porno est pour certains la norme alors que chacun devrait être libre de faire ce qu’il souhaite sans être conditionné.
Vient aussi celui de la publicité qui présente la femme désirable comme étant forcément épilée alors que c’est du pur marketing et la pop culture .
Exemple : X fait une épilation du maillot intégral (22, 50€ prix moyen d’après mon expérience personnelle) chez l’esthéticienne une fois par mois. En un an, ça fait 270 € qu’on aurait pu dépenser à autre chose surtout si on est juste à la moitié du mois. Merci les publicitaires qui nous présentent l’épilation comme une norme. Si on multiplie par le nombre de femmes qui s’épilent, cela rapporte gros.
Ce qu’en disent les scientifiques:
Selon Emily Gibson (directrice du centre de recherche sur la santé à la Western University dans l’état de Washington, « si les poils pubiens sont là, c’est pour une bonne raison. Ils protègent contre le frottement qui peut causer écorchures et blessures, ils sont un rempart naturel contre les
bactéries.[…] Le temps, l’énergie, l’argent et l’émotion provoqué chez les deux sexes pour supprimer les poils de leurs parties génitales est astronomique.
L’épilation pubienne irrite et provoque des inflammations des follicules pileux (développement anatomique en forme de sac dans lequel pousse un poil) laissant de microscopiques blessures ouvertes. Quand cela est combiné à un environnement moite tel que celui des parties génitales, vous voilà en face d’un terrain parfait pour les plus méchantes bactéries ».
Par méchantes bactéries, elle entend MST, herpès, staphylocoque doré, streptocoque B.
Ils sont aussi utiles notamment sous les bras pour limiter la transpiration.
Le rasage (plus principalement mais ça peut arriver avec d’autres méthodes) peut provoquer l’apparition de poils incarnés qui peut provoquer des infections type abcès, folliculite ainsi que des coupures. Pas très glamour, non ?
L’importance de la liberté de choix :
Quoique vous choississez, s’épiler ou pas, il faut que cela reste un choix réfléchi de votre part et si votre partenaire n’est pas d’accord avec vous, vous pouvez céder, choisir un compromis ou rester ferme sur vos positions. Si votre partenaire vous respecte, il comprendra. C’est votre corps et vous devriez pouvoir en disposer librement .
Non , les poils ne sont pas sales, ça peut même être doux, vous ne devriez pas avoir de complexe pour ça .
Associations contre le diktat de l’épilation : http://www.ecologielibidinale.org/fr/miel-etesansepilation-fr.htm et http://parismoustacheclub.com/manifeste-du-paris-moustache-club/
Sources: http://www.huffingtonpost.fr/2012/08/08/stop-a-lepilation-pubienne_n_1755891.html
Shamirasha
9 réponses à Réhabilitons les poils