Mon nom c’est Anna B.

Je suis une, je suis plusieurs, je parle pour vous.

Et aujourd’hui, je suis Elle:

Etudiante en arts, 19 ans et intéressée par tout ce qui pourrait sensiblement faire évoluer le monde et la société (bjr cer moi humaniste)


Tu voyais comment la sexualité avant d’y venir? On en parlait facilement chez toi où c’était tabou? 

Avant d’entrer dans le monde fabuleux de la sexualité active, c’était clairement une science obscure pour moi. L’histoire de la cigogne et tout ça, ça a marché très peu de temps sur moi car j’ai vite compris qu’il y avait une histoire de spermatozoïde et d’ovule pour faire un bébé. Mais bon c’était très basique et ça restait innocent : je me documentais dans les livres de sciences pour enfants, qui expliquait clairement la fécondation, l’ovulation, etc. (Mais pas de manière crue non plus, il fallait que ça reste simple et compréhensible pour un enfant de moins de 10ans) (d’ailleurs si toi aussi tu as acheté le guide du zizi sexuel ou un truc du genre avec Titeuf, tape dans tes mains !)
J’ai d’ailleurs le souvenir d’un dessin représentant un couple en position du missionnaire vue de profil et je croyais que c’était LE truc pour faire des bébés. Genre la femme s’allongeait, l’homme s’allongeait par dessus et c’est tout. Même pas il rentrait son sexe ou quoi, juste le couple était allongé l’un sur l’autre et pour moi c’est comme ça qu’on faisait des bébés (l’innocence !)
Alors forcément au début, pour moi sexe = faire des bébés et rien d’autres. Et puis Internet, l’apparition lente des pornos découverts par hasard avec mon frère m’ont fait comprendre que ce n’était pas le seul but en soi mais j’ai mis du temps à assimiler cette idée, peut-être jusqu’à mes 12 ans je ne voyais le sexe que comme un moyen de reproduction.
Et je n’ai pas le souvenir d’en avoir concrètement parlé avec mes parents, en général quand je posais la question (Par rapport à une scène de film que l’on regardait ensemble par exemple) ils arrivaient toujours à l’esquiver avec brio et je n’ai jamais cherché à creuser plus loin. C’étaient d’ailleurs des fameux adeptes des noms dérivés pour ne pas avoir à nommer clairement un vagin et un pénis, tels que la foufoune, faire crac-crac …
Par contre quand j’ai eu mes règles, mes seins qui ont poussé et la valise de la parfaite puberté (12 ans), le discours de ma mère a clairement changé. Sauf qu’elle me parlait uniquement du sexe par rapport à ce que je devais éviter, soient une grossesse imprévue et le monde « merveilleux » des IST/MST. Donc progressivement, à ce moment-là je voyais le sexe comme une espèce d’épée de Damoclès. J’en avais clairement peur, je voulais éviter tout risque et avec mon premier copain, lors de préliminaires (le maximum que l’on aie fait à ce niveau-là), je faisais bien attention à éviter le contact entre nos deux sexes. Il y avait aussi le fameux discours du « La première fois c’est très important » et elle m’avait même imposé la limite de 16ans pour le faire. C’est con mais ça m’a tellement marqué que je suis passé à la casserole un an et demi après cette limite.

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– Avec le recul, tu penses que tu connaissais bien ton corps au début? La masturbation tu connaissais/pratiquais?

Je fais partie des adeptes de la masturbation enfantine \o/ J’ai commencé très tôt, peut-être vers 4-5 ans à base de frottis-frottas sur les coussins et j’ai pas arrêté depuis. Donc très tôt, j’ai connu le mécanisme de l’orgasme clitoridien (Je précise, j’appelle orgasme clitoridien celui par stimulation du clitoris mais je sais qu’apparemment il n’y a aucune différence entre orgasme clitoridien et vaginal car tout part du clitoris au final mais par souci de « c’est moins chiant à écrire » je remplacerais « orgasme par stimulation clitoridienne » par « orgasme clitoridien ») et je savais comment y parvenir rapidement. Avec le recul, je connaissais bien mon corps mais seulement de l’extérieur. Si je savais me stimuler le clitoris, à contrario je ne savais rien de mon vagin. Je l’avais regardé une fois avec un miroir : le plus grand traumatisme de ma vie. Je savais qu’un pénis et qu’un enfant (et diverses choses huhu) passeraient par là donc je m’attendais à quelque chose à la hauteur de ça et … j’ai vu un minuscule trou. Tout petit, tout rikiki. Clairement, j’ai eu peur et j’ai développé une sorte de phobie/complexe. Comment diantre je pourrais avoir des rapports sexuels avec ce trou ? En plus j’avais essayé de l’étirer, de voir (après tout, si le pénis devenait tout petit, tout mignon au repos, pourquoi n’en serait-il pas de même pour le vagin ?) (notez que cette question, je me la posais à mes 12-13ans quand j’ai observé mon vagin, maintenant je sais de quoi il en ressort haha !) mais ça ne correspondait pas du tout à ce que je m’étais imaginé.

Additionné à la honte et aux tabous qui flottent autour du sexe féminin, j’ai passé toute mon adolescence à taire ce problème alors qu’il me dérangeait et me faisait me poser milles questions. Est-ce que c’était normal ? Est-ce que, comme par magie, ce trou s’agrandirait un jour tout seul et le problème ne se poserait plus ? Et sans le savoir, je m’étais bloquée et avais inconsciemment fermé mon vagin; chose qui au moment venu m’avait fait croire à du vaginisme. Si le trou était si petit, rien ne rentrerait. Et à penser comme ça, les premières fois ça ne rentrait pas, et j’étais persuadée d’avoir un vagin trop petit, etc. Cercle vicieux.

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– La première fois, tu la voyais comment? Au final, ça a donné quoi? 

Comme tout le monde. Je voyais une première fois pleine d’amour, de paillettes et de tendresse, le genre qu’on voit dans les films pour ados. Je m’imaginais le faire avec quelqu’un que j’aimerais uniquement et qui m’aimerait uniquement en retour. C’était pour moi un palier supérieur dans la vie de couple et je pensais que cela le renforcerait. Tous ces trucs niais qui font que des millions de filles attendent encore aujourd’hui de le faire avec « Le Bon » alors que j’ai compris que l’important n’était pas d’aimer la personne, d’être en couple depuis une éternité ou autre … Il suffit simplement d’être à l’aise et en confiance avec le partenaire.
J’imaginais aussi que ça ferait mal, qu’il y aurait cette fameuse déchirure d’hymen, du sang et de la douleur mais bon, comme ce serait fait avec amour, le jeu en vaudrait la  chandelle.

En réalité ?

Une première fois atroce avec un mec dont j’étais désespérément amoureuse mais qui ignorait les 3/4 des messages que je lui envoyais, qui m’avait retiré de ses contacts facebook parce qu’il avait honte de moi et qui pensait à une autre fille (!!!) quand on le faisait.
J’ai eu très mal (rappellez-vous que j’étais persuadée d’avoir un petit vagin), j’ai énormément saigné, d’autant plus que j’étais dans ma semaine fin de pilule donc j’avais des fausses règles. Et c’était pas des règles toutes mignonnes, à base de sang fluide et clair, non c’était du vieux sang bien marron et avec des bons gros steacks de muqueuses. Je sais pas ce que ça aurait donné si le mec était sincèrement amoureux de moi à ce moment-là mais je pense que même avec tout l’amour du monde il aurait eu du mal à supporter ce spectacle d’horreur.
Le mec, complètement stressé ou complètement ailleurs (ou les deux à la fois) en avait simplement rien à foutre de ce que je pouvais ressentir, lorsque je lui disais d’arrêter et que ça me faisait mal, il continuait quand même de me pénétrer, en disant que fallait bien que ça se fasse un jour. Et le pire était que je m’en étais convaincue. Pendant un weekend entier j’ai serré les dents car on s’y est repris à plusieurs fois. Sauf que comble de l’horreur (non, c’est pas fini), monsieur bandait à moitié donc une fois sur deux, ça rentrait pas, il forçait, j’avais mal. Et en plus il éjaculait au bout de trois allers-retour. Pour vous dire, j’avais tellement mal que j’avais du mal à m’asseoir.
La seule fellation que j’ai faite jusqu’au bout, il m’a pas prévenu et tout a giclé dans ma bouche. Je suis partie en courant dans la salle de bain pour me rincer la bouche, il m’a suivie, je l’ai giflé en lui rappelant que je l’avais prié de me prévenir car je détestais ça (Rapport à mon premier ex, celui des préliminaires, qui avait la fâcheuse tendance à ne pas m’avertir). Il s’est offusqué.
Et en plus de ça, c’est moi qui ai dû laver les draps.
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-Ton meilleur souvenir sexuel? 

« Heureusement », il m’a larguée le lendemain.

J’ai ensuite rencontré mon copain actuel avec qui je suis depuis un an et demi. Paradoxalement, j’ai pas attendu très longtemps et au bout de 3 jours de relation j’étais déjà dans son lit alors que lui voulait attendre encore un peu. Mais ça s’est quand même fait.
Et j’ai découvert ce que c’était de faire l’amour seulement parce que j’en avais envie et pas parce que j’avais peur de le perdre ou que c’était sous la contrainte.
Même si j’ai eu très mal cette fois-là aussi (quelques restes de virginité et le passage d’une taille standard à un énorme Magnum), je m’en fichais éperdument car cette fois-là (et les fois d’après aussi !) il avait fait énormément attention à ce que je pouvais ressentir, il allait doucement, tout doucement pour me faire le moins mal possible.

– Le pire? 

Je pourrais dire « Ma première fois » mais je vais me répéter.
Donc on va dire toute la période où j’étais avec mon premier copain, car la relation a mal tourné et avait viré à la manipulation malsaine. Quand on se voyait, c’était fellation obligatoire car sinon j’avais droit à un sermon à base de « Mais tu es censée m’aimer ! » et monsieur faisait la gueule toute la journée jusqu’à ce qu’il obtienne son dû.
Et ce fameux jour où, comme je refusais de faire l’amour avec lui (j’avais 14 ans et je voulais respecter la limite de ma mère, je lui en avait même parlé), il m’a dit le plus naturellement du monde « Bah si ça marche pas par devant, pourquoi pas par derrière ? » et s’est mis en tête de me sodomiser. HEUREUSEMENT ça ne s’est JAMAIS fait. Même s’il me l’a énormément reproché après, je ne regrette pas de ne lui avoir rien donné si ce n’est ma bouche.

– Le libertinage, le polyamour, ça t’évoque quoi?

 C’est très con mais au mot « libertinage », la première image qui me vient en tête c’est celle de ces hommes et femmes avec des masques vénitiens haha.
Ce sont probablement les deux notions sur lesquelles j’ai énormément réfléchi, cherché des avis différents pour me construire une idée là-dessus.
Au début je trouvais ça complètement aberrant et pour moi c’était uniquement pour les gens assoiffés de sexe. Je ne comprenais même pas comment il pouvait y avoir de l’amour dans tout ça. Maintenant j’ai compris que c’est totalement différent de ce que je croyais être.
Le libertinage ne me pose plus aucun souci même si je sais que c’est quelque chose que je ne pourrais jamais appliquer et pratiquer dans mon couple (trop possessive, haha). Néanmoins à une époque où il y a beaucoup de problèmes de communications et d’exclusivité sexuelle dans les couples, je trouve que libertinage semble de plus en plus être la solution pour ces personnes : plus de problèmes de mensonge, d’infidélité … puisque désormais ils savent ce qu’ils veulent concrètement et mettent le partenaire au courant (dans les limites qu’ils ont défini).
J’ai par contre beaucoup de mal avec le polyamour. J’arrive pas à a concevoir qu’une personne puisse en aimer plusieurs sans favoritisme aucun, pour moi aimer = une seule personne. Ce qui est un peu idiot quand on sait que les parents aiment leurs enfants sans en aimer un plus que l’autre. Mais je ne sais pas, j’ai toujours l’impression qu’une des personnes est plus lésée qu’une autre.

– Aujourd’hui, tu dirais que tu as beaucoup évolué sexuellement parlant? Quand tu repenses à tes débuts, à celle que tu étais, tu voudrais lui dire quoi?


Eh bien contrairement à ce que je croyais à mes débuts, j’ai sacrément évolué et en bien ! J’ai moins d’a-prioris et de craintes vis-à-vis du sexe, j’aborde le sujet beaucoup plus sereinement même si il subsiste encore quelques problèmes par-ci par-là ça n’a plus rien à voir avec mes problèmes antérieurs.
Et si un jour la machine à remonter le temps existe, tout ce que je conseillerais à mon moi de 14 ans c’est de larguer au plus vite mon premier copain pour aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte ailleurs (et elle l’est, incontestablement).

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